Creed

La sortie de leur premier album est salué par la critique anglo-saxonne notamment aux USA et au Canada, avec "My Own Prison" en tête de pont qui fait une entrée fulgurante dans les charts après avoir commencé à être passé en Heavy Rotation sur les radios (alors même que l'album n'était pas complètement achevé), et déjà ce qui fera le succès fulgurant de Creed (à savoir un sens mélodique poussé, des riffs recherchés soulignant délicatement les paroles, et une écriture intimiste et introvertie en quête de valeurs chrétiennes) s'exprime à plein dans les morceaux: "Torn", "My own Prison" (au riff entêtant), ou encore "What's this life for". Cependant la critique s'éveille également en fustigeant en Creed la façon de chanter rappelant Eddie Vedder (le chanteur de Pearl Jam), les mélodies alternatives rappelant Nirvana, et les thématiques morales qui restent pour une frange autoproclamée "underground" de la critique rock clairement sulfureuses.

L'album suivant assied la renommée du groupe en établissant définitivement son style, et en rééditant l'exploit (malgré le stress suscité par les attentes tant des fans que de la critique) avec des titres obsédants : Higher (petit bijou alternatif), inside us all (délicieusement mélodique), ou with arm wide open, qui sera repris en heavy media rotation après les évènements du 11 septembre aux États Unis. Stapp collabore également à ce moment avec le groupe des Doors et enregistre quelques chansons dans le rôle prestigieux tenu avant lui par la légende Rock Jim Morisson. Cependant l'exposition médiatique, l'énorme charge de travail et le rythme des concerts commencent à retentir sur l'humeur de Stapp qui sombre peu à peu dans une dépression qu'il tente de maquiller, et qui, non reconnue en tant que telle, est très mal vécue par la critique, et pire, par les membres du groupe eux-mêmes.

Enfin en 2001 sort le bijou "weathered" qui bénéficie également d'une énorme reconnaissance par le public, la critique et les médias, notamment à travers les titres "my sacrifice", "weathered, "don't stop dancing", et le détonnant et libératoire "bullets". Alors que pour les fans Creed est à l'acmé de sa gloire, Stapp sombre de plus en plus dans l'isolement et la dépression, entretenus par sa difficulté à gérer la critique intensifiée par l'exposition médiatique du groupe et son entrée de facto dans le Mainstream, et par l'aboulie consécutive à son humeur. La gloire du groupe excite également les intérêts des autres membres, et, la nature ayant horreur du vide, la place de leader laissée vacante par Stapp du fait de ses difficultés émotionnelles est prise par Tremonti qui décide donc de splitter le groupe, au grand étonnement des fans.

En 2004, le groupe se sépare donc à l'initiative Mark Tremonti, guitariste du groupe, qui souhaite libérer sa créativité à la fois de l'étiquette de rock chrétien, et des variations d'humeur du chanteur et ex leader du groupe Scott Stapp leader et chanteur du groupe, plongé dans une profonde dépression aggravé par une prise massive de corticoïdes afin de préserver sa voix sévèrement mise à l'épreuve par les tournées du groupe. Menés par Mark, les autres membres du groupe forment Alter Bridge avec un nouveau chanteur. Tandis que Scott Stapp soigne les blessures de son âme après avoir participé à la BO de "La passion du christ" de Mel Gibson, avant de se lancer dans une carrière solo.

Alter Bridge sort un album puissant musicalement, mais qui déroute les fans de Creed sur le plan du chant. De son côté Stapp sort un album lisse et mélodique, qui manque cependant un peu de la puissance créatrice de l'excellent arrangeur qu'est Tremonti. Histoire à suivre.