31 janvier 2017
Pilier de la scène rock française depuis deux décennies déjà, grand chouchou du
public québécois qu’il visite régulièrement dans le cadre de tournées spectacles,
le groupe TRYO présente un sixième album intitulé « Vent debout ». Un album qui
s’inscrit dans un moment particulier de leur histoire collective. Ce n’est sans doute
pas par hasard qu’instinctivement est revenu, sur l’essentiel de l’album, le reggae
acoustique des débuts. Retour aux sources aussi pour le son des voix, avec beaucoup
de chant à l’unisson – mais l’unisson si particulier de Tryo.
Les marins vous le confirmeront : naviguer vent debout n’est pas la situation la plus confortable, mais
c’est là que l’on reconnaît les bons équipages. Si Vent debout n’est pas un album d’actualité,
il est évidemment marqué par le contexte de son écriture et de sa réalisation. Vent debout est le plus
intemporel des opus de Tryo. Pourtant, il s’est passé quatre années d’une densité historique énorme
– la gauche, les attentats, Nuit debout – au bout desquelles Tryo avait « plus envie d’observer que de
donner des leçons », comme le résume Guizmo. « Une envie d’optimisme. » De chanson en chanson,
on entend s’exprimer beaucoup d’élans, beaucoup de collectif, beaucoup de « on » qui ne sont pas
là comme un substitut à la première ou à la troisième personne du singulier, mais pour faire entendre
une première personne du pluriel inclusive, ferme, généreuse. Christophe Mali reconnaît que c’est
peut-être un « souchonisme », mais c’est surtout l’envie de « traiter des sujets graves avec un côté
ensoleillé, enjoué, dansant. » Leur retour à l’essentiel est combatif, fervent, souriant, vif. Ce n’est pas
seulement un sourire qui aide à dissiper les nuages, il est comme un cap tenu dans la tempête.
Et surtout comme le sentiment qui saisit les équipages qui affrontent la grosse mer, vent debout – cela
s’appelle « fraternité » - Bertrand Dicale.
Chanter rappelle l’essentiel, d’ailleurs : « C’est là, c’est pas juste des chansons, c’est pour garder
la foi / Pas perdre nos illusions / C’est comme ça, nous on en a besoin pour rester avec toi. Pour se
sentir humain ». Cette chanson – et les douze autres – rappellent et condensent vingt ans de Tryo.
Les quatre garçons ont calé les voix dès les maquettes, avant de concevoir les arrangements des
chansons pour les séances d’enregistrement réalisées avec le fidèle Dominique Ledudal. Et ceuxci
sont très légers: un tout petit peu de basse, une kalimba ou une flûte traversière qui passent
fugitivement… Manu Eveno évoque « un retour aux sources de la musicalité de Tryo. » Guizmo,
Christophe Mali, Manu Eveno et Daniel Bravo ne se sont pas retrouvés avec un autre projet qu’aller
à l’essentiel. Depuis la sortie de l’album Ladilafé, en 2012, le groupe avait enchaîné les tournées et
les chantiers : deux ans de concerts en formule élargie puis une tournée en Allemagne, nouveau
territoire à explorer dans la formule originelle du groupe, à quatre sur scène, ce qui avait donné l’envie
de se passer de musiciens additionnels pour arpenter les festivals puis les scènes nationales, avant
l’enregistrement de l’album de reprises Né quelque part. Belles aventures avant de longues vacances.
« Quand on se quitte, on ne se donne pas de rendez-vous. C’est peut-être le secret pour rester vingt
ans ensemble », note Christophe Mali.
Il n’y a donc pas d’échéance quand le groupe se retrouve en novembre 2015, après des projets
personnels, du repos et de l’écriture, chacun dans son coin. Dès le départ, une évidence : il y aura un
nouvel album parce que Tryo a une féroce envie de tourner à quatre. Mais il y a une exigence neuve :
que personne n’ait le moindre doute sur aucune chanson. « Dans un groupe, on fait souvent des
concessions, explique Guizmo. Mais là, nous avions envie que chaque titre nous plaise à tous, que
l’on n’enregistre pas une seule chanson uniquement parce l’un de nous y tient beaucoup. Alors, pour
la première fois depuis Grain de sable, peut-être, le choix a été collégial. » Manu Eveno confirme :
« Nous avons élevé le degré d’exigence sur le sens et sur le texte, refusé ce qui était simpliste,
manichéen, imprécis. » Daniel et lui n’écrivent pas mais ont passé toutes les chansons au double filtre
de la gravité des thématiques et de l’énergie positive que veut incarner Tryo.
Christophe et Guizmo ont donc dû se convaincre mutuellement, mais aussi soumettre leurs
compositions et leurs textes à l’avis des autres. C’est ainsi que, pour la première fois, les deux
prolifiques auteurs-compositeurs de Tryo ont collaboré dans l’écriture de chansons, Christophe Mali
cosignant les paroles de trois titres avec Guizmo, qui a aussi mis en musique deux de ses textes.
Ainsi de la naissance de La Demoiselle, chanson née d’une envie de Guizmo de parler du handicap,
sur laquelle travaille aussi Jérôme Briard, du duo le Pied de la Pompe, avec qui il partage des projets,
et dans lequel Christophe Mali apporte un magnifique personnage de jeune femme vivante et solaire,
à contresens des clichés. Ou quelques images poétiques venues tempérer la ferveur militante de
Watson, portrait du combattant de la cause océanique…
À l’été 2016, pour la première fois, Tryo est parti en tournée avant la sortie de l’album. Celui-ci a été
précédé par le dévoilement sur internet du clip de Soufflez, avec une apparition de l’ami Renaud et
de grands drapeaux multicolores, que l’on retrouve désormais sur scène, dans un message universel,
organique et ouvert.
Plusieurs des chansons neuves ont été créées dans des festivals de dimensions que Tryo n’avait plus
fréquentées depuis un moment. Cela a permis de voir que le public danse beaucoup sur Rassurez
Finkielkraut et que les briquets sortent facilement sur Le Petit Prince… C’est avec grand bonheur que
le public québécois retrouvera toute la magie et l’énergie de TRYO sur scène, pour deux concerts
uniques en février.
Visitez le site officiel de Tryo ici.
– En spectacle –
Au Métropolis jeudi 23 février dans le cadre de Montréal en lumières et
Au Grand Théâtre de Québec vendredi 24 février.
Source : La Tribu